Les droits de l'homme sont une notion ambivalente.
Universalisme protecteur, ils visent à conférer à tous les hommes une dignité et des prérogatives égales, contre les incursions de l'Etat et du prochain. Mais en même temps, ils ont pour principe d'opposer l'homme à son pays, à son frère ; de reconstruire le droit à partir de prérogatives individuelles désincarnées et a priori infinies, sans notion de juste, de mérite, de devoir ou de bien commun. L'homme est donc livré à ses penchants consacrés par la loi ; le Droit devient l'instrument d'une coexistence plus ou moins pacifique entre intérêts antagonistes légalement consacrés.
Partant du sens des mots, Monsieur Giulio de Ligio, enseignant-chercheur, a mis en valeur cette ambivalence, montrant que les "droits" ne disent rien de l'amour ou des motifs de tous ordres qui meuvent les sociétés. Ils n'organisent rien. Ils ne sont donc pas, à proprement parler, juridiques. Là où le juriste doit user de prudence et modération, ils induisent un absolu coupé de tous les transcendantaux, ou de toute idée de bien : la doctrine des droits subjectifs ne distingue pas entre le juste et l'injuste, le licite et l'illicite, le bien et le mal. Dans ces conditions, comment les droits subjectifs pourraient-ils être des instruments adaptés de compréhension et d'organisation de la vie humaine, et de la vie en société?
La société des "droits" est inhumaine.
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