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Le sens de la peine Lundi 4 février 2019 - François VALLANCON

Dernière mise à jour : 1 juin 2019

Selon Cicéron, les lois comportent huit types de peines : la mort qui ôte la vie, les coups et le talion qui touchent l’intégrité du corps, l’esclavage et la prison par lesquels on perd la liberté, l’exil par lequel on perd la patrie, l’amende par laquelle on perd les richesses, l’infamie par laquelle on perd la gloire.


Aujourd'hui, seules la prison et l'amende sont admises. Pourtant, les effets socialement néfastes et l'inutilité de la prison sont largement reconnus. Nous avons le plus grand malaise à justifier la peine, et à lui donner un sens, si ce n'est celui de la réinsertion, sans idée de satisfaction, ou de justification.


Monsieur François VALLANCON nous a donc initié au sens de la peine, à l'école de deux grands criminels : David, qui demande pardon de sa faute dans le psaume Miserere après avoir eu une relation adultère avec Bethsabée, dont il envoie le mari à une mort certaine ; et les Euménides d'Eschylle, où le poète conte le jugement d'Oreste. Oreste a tué sa mère Clytemnestre, et son amant Eghyste, coupables d'avoir assassiné son père Agamemnon. Ces deux chants sont des chants de tristesse, s'achevant dans la joie.


On y distingue trois périodes :


1 : La purification du coupable, qui se repentit de son crime, par une fuite intérieure. Il se retire du commun des mortels, pour obtenir le renouvellement de son âme, souillée mais capable d'être rachetée devant Dieu grâce au repentir.


2 : La justification du coupable, par le prononcé public d'une sentence. Le juge reconnaît publiquement qu'il y a eu crime, et culpabilité ; le coupable s'humilie devant le Tribunal, et se reconnaît criminel.


3 : La réparation du tort causé. Le procès va annuler le crime et rétablir l'ordre brisé du monde, faire jaillir un bien pour un mal. D'une part, la victime est indemnisée ; la peine, pour exemplaire et proportionnée qu'elle doit être, n'est pas inutilement prolongée une fois la purification du coupable acquise.


Le condamné étant purifié, le mal publiquement condamné, le désordre réparé, la Cité peut à nouveau vivre en paix. Au début de la pièce d'Eschylle, Oreste est poursuivi par les Erynies, déesses vengeresses qui insufflent la crainte, le remords et une envie de vengeance sans espérance. A la fin de la pièce, ayant laissé la justice suivre son cours grâce à Apollon, elles deviennent les Euménides, les déesses pacificatrices de la Cité. Le jugement rétablit l'ordre du monde, contrairement à la vengeance privée.




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